Sciences de la Société- N° 53 - mai 2001
Leadershipet arrangements territoriaux
Dossier coordonné parAndy Smith et Claude Sorbets

Andy Smith, ClaudeSorbets, Des leaderships en liberté conditionnelle ?(Texteintégral)
 
OPTIQUESET NIVEAUX D'ANALYSE
Alain Faure,
Dynamiques intercommunales, leadership et territoire.Le pouvoir local change-t-il les politiques publiques ?
Christian Le Bart,Leadershipet impuissance décisionnelle. Les élus locaux faceà la marée noire de l’Erika
François Baraize,Quelleadership pour les agglomérations françaises ?
Emmanuel Négrier,Territoire,leadership et société. Georges Frêche et Montpellier
 
ACCEDERAU POUVOIR, FORMER LES EQUIPES
Stéphane Cadiou,
Le leadership urbain. Variations autour de la fonctiond’expertise
Jacques de Maillard,Dela difficile consolidation des leaderships urbains
 
MEDIATIONSREGIONALES
Françoise Massart-Piérard,
Le leadership régional et communautaire en Belgiquefédérale
Michel-Alexis Montané,Lesdimensions du leadership à l’épreuve du changementterritorial. Le cas du mésogouvernement en France
Romain Pasquier,Processusautonomique et leadership régional en Espagne
 
VOUSAVEZ DIT "ADMINISTRER" ?
Véronique Dimier,
Leadership et institutionnalisation de la CommissionEuropéenne. Le cas de la DG VIII (1958-1975)
Eric Kerrouche, "Qui nousgouverne ?". La perception des représentants de l’Étatdu système politico-administratif local

CHRONIQUE
Guy Jalabert
, La ville : objetde recherche autonome ou reflet de la société ?(2) Mutations sociales et "villeséclatées"
 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 
AndySmith, Claude Sorbets, Desleaderships en liberté conditionnelle ?

Texteintégral
Le mondepolitique territorial change et avec lui les conditions de l’exercicedu pouvoir autant au niveau local qu’au niveau européen.Telle pourrait être une proposition de base sur laquelletous, acteurs comme chercheurs peuvent s’accorder. Le pointqui demeure en débat est sans doute celui de la meilleurefaçon d’en rendre compte. Quelles sont les perspectivesanalytiques à capacité heuristique qui peuvent êtremobilisées pour expliciter les nouvelles dimensions induitesdes réarrangements territoriaux intervenant dans la périodeactuelle ?

On connaît,en cette voie, les apports remarquables des travaux relatifs àla " gouvernance " et à " lasociologie de l’action publique ". Chacun àsa manière, ces courants de recherche ont bien démontrécomment l’action publique contemporaine est moins le produitd’États puissants et centralisateurs et plus le sous-produitde coalitions d’acteurs en situation de négociationquasi-permanente. Pour les théoriciens de la gouvernance,cette situation oblige le chercheur de " s’intéressernon plus au gouvernement à ses pouvoirs et ses instruments,mais au contraire à des mécanismes alternatifs denégociation entre différents groupes réseaux,sous-systèmes, susceptibles de rendre possible l’actiondu gouvernement. La problématique de la gouvernance renvoiedonc aux interactions entre l’État et la sociétéet aux modes de coordination pour rendre possible l’actionpublique " (Le Galès, 1995, 59). Pour lessociologues Duran et Thoenig (1996), cette forme de l’actionpublique se caractérise en France par la fin d’unmodèle de " pouvoir à la périphérie "et par l’institutionnalisation différenciéed’une action collective marquée par " lesincertitudes peu structurées ". Si la véracitéglobale de ces analyses ne fait pas de doute, il n’en restepas moins que le caractère synthétique de beaucoupd’études effectuées dans ces deux perspectivespeut rapidement conduire à gommer la dimension politiquedes hiérarchies qui demeurent au sein d’arrangementsinstitutionnels en apparence " partenariaux ".

 

La réflexion àlaquelle ont contribué les auteurs de ce numéro s’inscrit dans uneperspective d’interrogation alternative du changement politique.A partir d’observations de l’évolution des leaderships,chacun des textes qui suivent procède d’une logiqued’inventaire des situations localisées et d’uneévaluation des marges de liberté qui se révèlent,et se distinguent, de sites en sites. Loin d’aboutir àdes démarches par monographie rendant impossible toutemontée en généralité, l’horizonde cette démarche analytique est de tendre, sinon àcomparer tout au moins à effectuer des " clarificationspar contraste " (Taylor, 1997, 208), dans l’objectifde faire voir ce qui peut avoir changé en un lieu et delieu en lieu. De là, parmi les thèmes les plus interrogés,soulignons en deux plus particulièrement :

 

— la thématiquedes conditionnements des acteurs au regard des espaces politiqueslocaux conduit à repérer des incertitudes associéesà l’incomplète stabilisation des nouveaux cadresde l’expérience politique territoriale. C’estce qui, de la Bretagne à l’Espagne en passant parles agglomérations telles celles de Montpellier ou de Bordeauxet par la Commission européenne, se trouve analysépar C. Le Bart, R. Pasquier, E. Négrier, F. Baraize, J.de Maillard et V. Dimier : partout on perçoit bien lesévolutions des dispositifs de pouvoir sur lesquels prennentappui des leaders territoriaux pour conserver des positions acquisesou jouer la carte d’opportunités qui se présententpour asseoir leur position politique. D’un point de vue plusthéorique, c’est aussi repérer et devoir soulignerles flottements, voire les insuffisances de rigueur, que les référencesaux typologies de styles de leadership d’un auteur commeBurns ne peuvent combler. Selon cet auteur, il existe des leaderships" transformationnels " qui cherchent àinduire du changement profond tandis que des leaderships " transactionnels "se contentent de gérer le statu quo en s’engageantdans les échanges à caractère plus ou moinsclientélaire. Cette distinction lui offre un point de synthèsecommode, mais il ne l’incite pas à analyser àproprement parler le rapport entre une forme de leadership etson contexte social, économique et politique. En adoptantune démarche nettement différente, les textes suivantsmontrent, une fois de plus, que le recours à la typologien’est jamais qu’une étape dans une recherchecomparée ; en devenant une fin en soi il sacrifie l’ambitionanalytique sur l’autel de la description aplatie.

 

— commentpasser d’une réflexion sur l’acteur politiquecomme individu (leader) à celle portant plus sur la dimensioncollective de l’action politique (leadership) ? En effet,non seulement se retrouve ici la tension classique entre des observationscentrées sur la personne des politiciens et celles considérantdes dispositifs ou complexes de pouvoir —le débatéternel en science politique entre l’agent et la structure(structure and agency)— mais se déclinent dessituations de pouvoir dont il est perçu la dimension " implexique "liant un style d’autorité et une forme particulièredans le socius. Sur le plan empirique, les textes portant surles mairies des grandes villes (Cadiou), les collectivitésterritoriales françaises (Montané) ou les instancesintercommunales (Faure), montrent tous l’importance de lagestion des entourages et des réseaux en tant que composantsessentiels de chaque leadership étudié. Sur un planplus théorique et méthodologique, il en demeurequand même toute une série de défis de qualification(les contextes sont-ils singuliers/particuliers, généraux/universels)et de construction de l’objet de recherche : est-ce tel niveauou tel autre qui est principalement concerné ; le plande l’espace politique, de la compétition politique,de l’action publique ? En effet, c’est sans doute cetteincertitude qui rend le recours à une notion du type " configurations "aussi unanimement perçu en partage parmi les auteurs.

 

De la mise en discussionde ces deux thématiques, trois séries d’avancéesde caractère général nous semblent émerger.En premier lieu, une avancée dans la spécificationde ce qui mérite de retenir l’attention du chercheuret du comment il doit s’y prendre pour étayer seshypothèses. C’est en effet à une observation" au près " des situations localiséesque chacun des participants à cette publication appelle.Les contextes conjoncturels leur apparaissent valoriser la perspectiveterritoriale de la question du ou des leadership(s) politique(s)et les amènent à déporter le regard analytiquedes intérêts corporatistes observés " aucentre " vers des intérêts localisésétudiés " plus près "des scènes de la compétition politique (cf. la référenceau " développement local ", aux " pays ",à la " métropolitisation " etc.).Pris sous cet angle, étudier le rapport au territoire d’unleadership implique tout d’abord de cerner les interdépendancesentre les acteurs politiques, administratifs et socio-économiques.

 

En second lieu, onest incité par ces textes à focaliser égalementsur l’amont de l’expressivité des dispositifsd’action politique, autrement dit sur les évocationset les interactions qui donnent la courbure aux champs politiqueslocalisés, ainsi infléchissant la personnalitélocalement dominante. Le texte de Le Bart annonce cette stratégiede recherche le plus explicitement, mais bien d’autres descontributions montrent que les dimensions contextuelles ont deseffets structurels sur les conditions territoriales de l’actionpolitique. La plupart des auteurs s’efforcent pour en expliciterà la fois les processus formels et informels et les dimensionstransactionnelles, de rendre compte des mises en forme de dispositifsassociés à des figures de leadership observables,in situ et dans leurs évolutions propres. En un mot, analyserle rapport au territoire d’un leadership implique égalementde saisir la manière dont les acteurs qui détiennentou qui recherchent le pouvoir doivent représenter ce qu’ilsfont ou compte faire en employant les termes et les gestes qui" sonnent justes " pour la population concernée(Genieys, Smith, Baraize, Négier, Faure, 2000).

 

Enfin, pour revenirà la visée généralisante dont procèdel’intention comparative, elle incite à prendre encompte, dans l’analyse des processus de changements politiquesterritoriaux, les distributions fonctionnelles des rôleset des positions. Considéré sous cet angle, il sembledésormais possible d’approfondir l’analyse desmoments de reformatage des arrangements institutionnels que cesoit en Belgique, en Espagne, en France ou au niveau communautaire.En mettant en lumière les comportements et les apprentissagesde leaderships infranationaux dans ces pays, il semble aussi possiblede sauver l’analyse comparée des excès de généralisationqui frappent trop souvent la comparaison internationale et lesétudes de " l’européanisation "de l’action publique.

 

Au total, " l’être-là "politique actuel, dans des territoires en phase de réarrangementou qui se retrouvent à " inventer "est, en partie, réductible à des visées depouvoir qui s’organisent et se testent dans leurs champsde possibilité. A ce titre, c’est à une " doubleéligibilité " qu’il faudrait sansdoute donner une plus grande attention : à celle de connaissanceassociée au lignage ancré ; mais en sus, àcelle de reconnaissance que l’on peut référerà la capacité à dire de façon prégnante" ce qui (doit) se passe(r) ici ", et quiest la marque d’un leadership en phase expressive avec sonmilieu.
©Sciences de la Société n° 53 - mai 2001

[Référencesbibliographiques]

 

 

 

 

 


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 
AlainFaure,Dynamiques intercommunales, leadership et territoire. Le pouvoirlocal change-t-il les politiques publiques ?

Résumé
Alors ques'affirment en France d'importantes dynamiques intercommunalesau sein du système politique local, on observe que lesconcepts intermédiaires qui émergent sur la scèneintellectuelle (gouvernance, réseaux, institutionnalisationde l'action collective, communauté de politiques publiques,matrices institutionnelles, néo-localisme...) renoncentà traiter frontalement du jeu politique local en tant quecatégorie analytique. Cette conceptualisation de l'actioncollective, souvent jugée comme anecdotique, impropre ouimpossible, s'avère pourtant éclairante. Qu'il s'agissedes recherches sur la territorialisation de l'action publique(spécialistes de l'administration), sur les effets de territorialitéou de localité qui imprègnent l'action collective(spécialistes du développement économique),ou encore sur les territoires légitimes de la représentationet de la participation (spécialistes des mouvements sociaux),le jeu politique et les enjeux de leadership occupent àchaque fois une place active et pour le moins déterminante.Ces perceptions de l'action publique locale incitent àtester l'hypothèse selon laquelle le pouvoir local changeles politiques publiques, au sens où les enjeux locauxde stratégie électorale et de politique politicienne,loin de se limiter à de simples joutes pour l'accèset le maintien au pouvoir dans les collectivités locales,révèlent tout à la fois de nouvelles formesde souveraineté politique et de nouvelles frontièresd'intervention publique.

Motsclés :pouvoir local, intercommunalité, territorialisation del'action publique.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 
ChristianLe Bart,Leadership et impuissance décisionnelle. Les éluslocaux face à la marée noire de l’Erika

Résumé
Le leadershipexercé par les élus locaux ne saurait s'analysersimplement du point de vue de leur pouvoir décisionnel.Dans le cas-limite d'une impuissance constatée (face aunaufrage de l'Erika), le leadership ne disparaît pas, bienau contraire : il est en effet autant affaire de posture performative(discours de mobilisation, d'interpellation), voire de postureexpressive, que de posture décisionnelle stricto sensu.

Motsclés: leadership, maires, discours, Erika.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 
FrançoisBaraize,Quel leadership pour les agglomérations françaises?

 

Résumé
La loi Chevènementsur les agglomérations constitue une étape essentielledans l'évolution du gouvernement des villes françaises.Cet article s'interroge d'abord sur les logiques qui présidentà l'institutionnalisation de ces nouvelles structures intercommunales,en donnant un rôle, important mais relatif, aux considérationsdémographiques, géographiques ou juridiques quivisent à les expliquer. Il met ainsi en discussion la thèse,récurrente, d'un déficit démocratique deces nouveaux territoires d'action. Ceux-ci posent au centre desdébats la question du leadership territorial. Celui-ciest analysé d'une double manière. Au travers del'examen du rôle du préfet, on observe les mutationsque le processus d'agglomération induit dans le contextede l'action publique territoriale. Plus généralement,on s'interroge sur les vertus heuristiques d'une approche de cettenouvelle action publique en termes de leadership.

Mots-clés : agglomérations,loi Chevènement, leadership, territoire, préfet,démocratie locale, culture politique

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 
EmmanuelNégrier,Territoire, leadership et société. Georges Frêcheet Montpellier

Résumé
La mise enœuvre, à Montpellier, d'un projet de Communautéd'Agglomération est l'occasion de mettre en lumièrele rôle du leadership politique exercé, depuis plusde vingt ans, par Georges Frêche, sur la ville de Montpellier.Les ressorts de ce leadership sont examinés successivementdans leur dimensions matérielles et collectives, dans uneappréhension de la configuration politique montpelliéraine,et dans le rôle que jouent Georges Frêche et son entouragedans la construction symbolique de la ville et de son destin territorial.

Mots-clés : maire, Montpellier,leadership politique, histoire urbaine, entourage, style personnel

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 
StéphaneCadiou, Le leadership urbain. Variations autour dela fonction d’expertise

 

Résumé
L'articleporte sur les recompositions des leaderships urbains en se focalisantsur l'usage des dispositifs d'expertise. Après une périodecaractérisée par une domination des ingénieursétatiques, les élus tendent aujourd'hui às'entourer d'experts, dotés de capacités de négociationet chargés de donner une cohérence à desactions éclatées. La difficulté des responsablespolitiques tient à l'organisation d'un consensus globalet homogène alors que s'accumulent les dispositifs et interventionspublics et que se multiplient les " partenaires "potentiels.

Mots-clés :  équipepolitique, dispositif, expert, compétences, information.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 
Jacquesde Maillard,De la difficile consolidation des leaderships urbains

 

Résumé
L'articleprésenté ici se demande comment se forment et seconsolident des leaderships urbains dans le cas des politiquessociales contractuelles, domaine marqué par une forte centrifugation.L'article se fonde principalement sur l'étude des villesde Montpellier et Pessac. Abordant le leadership sous ses aspectsorganisationnels et symbolique, il établit trois propositions: des équipes politico-administratives se forment pourla gestion intégrée des espaces urbains ; les logiquescontemporaines de production de l'action publique, marquéespar la pluralisation des interlocuteurs, contraignent fortementla capacité d'action de ces équipes ; des modesd'intermédiation existent qui permettent la mise en placede coopérations et d'intégrations partielles.

Mots-clés : leadership,ville, action publique, institutions politiques, associations.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 
FrançoiseMassart-Piérard, Le leadership régionalet communautaire en Belgique fédérale

 

Résumé
Autonomie régionale et leadership territorial se produisent-ilsmutuellement ? Telle est la question centrale soulevéeici. La Belgique fédérale fournit une étudede cas intéressante. Il s'agit d'un pays engagédans un processus de fédéralisation par désagrégationconstitutionnellement garanti. Au sein de ce dernier, les entitésfédérées jouissent d'une très largeautonomie, mais le pouvoir de la " partitocratie "y reste particulièrement développé. Il sembledès lors intéressant de vérifier, àpartir d'un travail d'enquête, si dynamique régionalisteet autonomie institutionnelle se conjuguant, si l'apparition dephénomènes de leadership aux niveaux régionalet communautaire est facilitée et d'examiner si ces phénomèness'avèrent capables d'entraîner de nouvelles réformesde l'État à la faveur des régions et descommunautés dont les ministres-présidents sont lesinitiateurs.

Mots-clés:Belgique, leadership, régions, communautés, ministres-présidents.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 
Michel-AlexisMontané, Les dimensions du leadership àl’épreuve du changement territorial. Le cas dumésogouvernement en France

Résumé
La connaissance du rapport entre leadership politique et territoireest facilitée par les situations où les deux sonten train de changer, révélant ainsi leurs relationsréciproques. Le mésogouvernement, aujourd'hui enFrance, est justement l'objet de réformes dans lesquellesles leaderships existants tentent d'intervenir : ils pèsentnotamment sur la négociation des politiques institutionnellesterritoriales, en matière d'intercommunalité etde contractualisation. Toutefois, loin de parvenir à maintenirà l'identique leurs positions institutionnelles et leursterritorialités, héritées des annéesd'après la décentralisation, les leaderships infra-nationauxsont désormais affectés dans leurs dimensions constitutives.

Mots-clés: leadership politique,territoire, mésogouvernement, réformes institutionnelles,changement territorial.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 
RomainPasquier, Processus autonomique et leadership régionalen Espagne

Résumé
A partir de l'analyse dynamique du leadership régionalen Espagne, l'objectif de cet article est de donner une interprétationalternative de l'évolution du processus autonomique espagnol.En effet, traditionnellement, une grille de lecture institutionnalistedu processus autonomique est proposée. Les ambiguïtésconstitutionnelles et les relations conflictuelles entre les partisnationalistes catalan et basque et le gouvernement central affecteraienten permanence ce cadre d'échanges politiques. De manièreplus sociologique, nous montrons à partir des exemplesdes communautés autonomes de Galice et de Rioja, commentles logiques différenciées d'autonomisation desespaces politiques régionaux influent sur les répertoiresdes leaders régionaux. Ainsi, l'identification de deuxgrands répertoires politiques régionaux, l'un différentialiste,l'autre néorégionaliste, et l'analyse de leurs interactionsconcurrentes permettent de donner une interprétation plusinnovante de la recomposition des politiques territoriales enEspagne.

Mots-clés : décentralisation,Espagne, espace politique, leadership, régionalisation,régionalisme, répertoire politique, territoire.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 
VéroniqueDimier, Leadership et institutionnalisation de la CommissionEuropéenne. Le cas de la DG VIII (1958-1975)

Résumé
Dans cetarticle, nous analyserons la façon dont certains anciensadministrateurs coloniaux français en Afrique Tropicalejouèrent un rôle de leader dans l'institutionnalisationde la Direction générale Développement (dgviii) transférant au sein de cette dg leurs méthodesd'administrateurs (et leaders) territoriaux, à base denégociation et de relations personnelles. Au sein de laCommission européenne, cette dg était responsablede la mise en œuvre des Conventions de Yaoundé puisLomé conclues avec les pays acp (Afrique, Caraïbes,Pacific), plus précisément de la gestion du Fondseuropéen de développement. Reprenant les thèsesde P. Selznick, nous entendrons par institutionnaliser, conférerà une organisation une identité spécifique,c'est-à-dire : définir ou préciser sa mission(ses buts, méthodes, types d'action publique) et inscrirecette mission dans une structure sociale particulière àtravers le recrutement, la socialisation et une organisation spécifiquedes pouvoirs. Nous nous concentrerons plus particulièrementsur les questions suivantes : quelles sont les circonstances (institutionnelles...)qui permirent à ces administrateurs de " coloniser "la dg viii et de jouer dans ce processus d'institutionnalisationun rôle de leaders ? Dans quelles mesures ce rôlefut-il rendu plus facile par leur " esprit de corps", leur expérience outre-mer et leurs qualitéspersonnelles ?

Mots-clés : Commission européenne,administration coloniale, institutionnalisation, développementgénéral, culture administrative.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 
EricKerrouche, "Qui nous gouverne ?". La perceptiondes représentants de l’État du systèmepolitico-administratif local

Résumé
Cet article, fondé sur une méthodologie mixte (qualitatif-quantatitatif),met en lumière tout autant la perception " enchantée" que les représentants de l'État ont du systèmepolitico-administratif français que la façon dontils envisagent leurs rapports avec les diverses institutions localesqu'elles soient élus ou non. Si la dichotomie intérêtgénéral/intérêts particuliers est toujoursune matrice opératoire pour comprendre l'attitude du corpspréfectoral, il n'en demeure pas moins que, concrètement,préfets et sous-préfets ont intégréla dimension partenariale qui s'est imposée dans la gestiondes affaires locales (de l'arrondissement et/ou du département).Et s'ils reconnaissent clairement le leadership des élusles plus puissants, ils s'attribuent toujours un rôle dereprésentation et d'impulsion prééminentdans la sphère locale, même si les évolutionsterritoriales en cours risquent, à terme, de remettre ànouveau en cause ce fragile équilibre.

Mots-clés : préfet,sous-préfet, corps préfectoral, représentations,système local, gouvernement local, élus.