SCIENCES DE LASOCIÉTÉ- N° 52, 53,
54 - 2002
La
ville : objet de recherche autonome ou reflet de la société?
Chroniquepar
GuyJalabert,
Univ. Toulouse-Le Mirail
Introduction (texte intégral)
1. Mutations économiques et croissance
urbaine (résumé)
2. Mutations sociales et "villes
éclatées" (résumé)
3. Ville et politiques urbaines : du pouvoir
local à la gouvernance (résumé)
Texteintégral
Ville « éclatée».
Ville « fragmentée ». Ville «émergente
». Ville « informationnelle »...Faut-il recenser
tous les qualificatifs qui, dans l'abondancedes publications,
tentent, de manière souvent lapidaire,de caractériser
la ville contemporaine ? Prétendreeffectuer un bilan des
recherches sur la ville et sur l'urbainaujourd'hui serait une
gageure tant les travaux se sont multipliésces dernières
années. On ne reviendra pas sur lalittérature déjà
« ancienne »évoquée dans deprécédents articles
de cette revue et on netraitera pas de la question du local
étudiée pardans la récente chronique des
dernières livraisonsde Sciences de la Société
par Albert Mabileau (1999).Ce dernier faisait le constat que l'objet
d'analyse qualifiéde local « se présente en
quelque sorte comme l'enfantbâtard des sciences sociales
». N'en va-t-il pas demême pour l'étude de
la ville : il n'existe pas d'urbanologie,au sens d'une science
canonique constituée, mais des élémentsau
sein des disciplines traditionnelles, économie urbaine,sociologie
urbaine, géographie urbaine, à côtéde
l'architecture, et de l'urbanisme, ce dernier aux frontièreson
ne peut plus floues, les sciences politiques, le droit, l'histoires'étant
aussi saisis de l'objet ville, sans compter, plusrécemment,
des interdisciplines en voie de solidificationcomme par exemple
les sciences de l'information et de la communication(Eveno, 1997)
pour ne s'en tenir qu'aux sciences sociales, lesingénieurs
du génie civil ou les techniciens destransports ayant depuis
longtemps voie au chapitre.
Si bien que les ouvrages de synthèseémanant d'un seul auteur, manuel ou fresque d'ensemble,sont devenus rares (Roncayolo, 1990 ; Burgel, 1993 ; Ascher, 1995),à la différence des périodes précédentes: le plus souvent, le lecteur dispose de travaux thématiques,rassemblant dans la même publication divers auteurs de disciplinesdifférentes ou non, s'essayant à faire le pointsur l'un des éléments de la question urbaine. Maisexiste-t-il encore une « question urbaine » spécifique,lorsque dans les pays industrialisés, 80% de la populationvit dans les villes, et qu'en zone rurale, il reste moins de 5%d'actifs liés à l'agriculture, lesquels ont adoptédes modes de vie et de consommation quasi urbains, comme leursvoisins suburbains ? La question urbaine ne se confond-elle pasalors avec la question sociale ? Un autre débat endécoule, celui de l'existence de la ville en tant que telle,lieu particulier, territoire déterminé, espace spécifique,ou bien ancien objet désormais dilué, fondu, dissousdans un « urbain » qui envahit peu à peu l'ensemblede l'espace ? On n'entrera pas pour l'heure dans ce type de controversepour simplement tenter de cerner quelques questions poséesà et par la recherche sur la ville aujourd'hui, séparéesici pour la logique de l'exposé, mais dans la réalitétotalement indissociables et interdépendantes :
- les rapports entre les mutations économiqueset l'évolution des villes ;
- les changement sociaux et la répartitionet les relations des catégories sociales dans l'espaceurbain ;
- lesproblèmes de gestion de la ville et les organisations quien découlent.
La profusion récente des publicationsne
doit d'ailleurs pas impressionner : outre que nombre de travauxsont
souvent redondants, allant de contributions pour des ouvragesà
des reprises d'articles dans plusieurs revues, la nouveautéproclamée
des thèmes l'est parfois moins qu'annoncée,même
si le vocabulaire change pour traiter de problèmesrécurrents.
Et l'on doit toujours prendre quelque reculvis-à-vis de
certaines tendances ou phénomènesmédiatisés,
certes indispensables à observersi l'on veut bien admettre
que les sociétés, etles disciplines scientifiques,
évoluent souvent par leursmarges et que ce qui est tendance
peut à terme devenirla norme, mais qui ne doivent pas masquer
des processus plus lents,moins visibles, mais plus fondamentaux,
voire des perdurancesplus tenaces.
©Sciences
de la Société - 2001
1. Mutations
économiques et croissance urbaine
Résumé
Comment,dans
un système économique de plus en plus internationalisé,ont
évolué et se sont transformées les villes?
Cette première chronique traite, à partir destravaux
des dix dernières années, des rapports entremutations
économiques, localisation des activitéset organisation
territoriale des espaces urbains. Une premièresérie
d'approches a surtout analysé, aprèsla crise du
fordisme, les relations entre industries et territoires: technopoles,
districts industriels, systèmes productifslocaux. Plus
largement, se sont développées lesétudes
sur la « métropolisation », termeutilisé
par les chercheurs français pour signifierle processus
de concentration des activités et des hommesdans les plus
grandes villes, où les secteurs des servicesn'ont cessé
de se développer, tandis que s'accentuaientles disparités
socio-spatiales.
Motsclés : districtsindustriels, métropolisation, mutations économiques,technopoles, systèmes productifs locaux.
2. Mutations
socialeset "villes éclatées"
Résumé
Les recherchessur
les rapports entre villes et société ont surtoutmis
l'accent au cours des deux dernières décenniessur
les restructurations sociales liées aux mutations d'ensembledu
système économique. La recomposition du marchédu
travail et le chômage, la question récurrentedu logement,
les ségrégations et les écartssocio-spatiaux
accentués, les violences urbaines, la politiquede la ville,
sont les principales thématiques abordéesdans la
littérature assez pessimiste consacrée àla
ville.
Motsclés : emploiset marché du travail urbain, chômage, logement, ségrégationssocio-spatiales, violences urbaines, stratifications sociales.
3. Ville et politiques urbaines : dupouvoir
local à la gouvernance
Résumé
A l'étudedu
pouvoir local dans le courant des années 1970 s'estsubstituée
celle de la gouvernance urbaine. La décentralisationet
le recul des tutelles étatiques, les politiques contractuelles,la
place prise par le secteur privé expliquent les changementsqui
affectent la gestion des villes. Les récentes loissur l'aménagement
durable du territoire, l'intercommunalité,le renouvellement
et la solidarité urbaine, permettront-ellesde rendre cohérents
territoires fonctionnels et territoiresde gestion, développement
économique, environnementet équilibre social ?
Mots-clés:pouvoir local, décentralisation, gouvernance urbaine, intercommunalité,planification urbaine.