SCIENCESDE LA SOCIÉTÉ- N° 55 - février 2002
Lalégitimation du discours économique
Dossiercoordonné par Bernard Maris, Univ. Paris 8

Bernard Maris,Présentation (Texte intégral)
Jerôme Lallement, A la recherche des objets de l'économie
Marion Fourcade-Gourinchas, Les économistes et leurs discours. Traditionsnationales et science universelle
Bernard Maurin,L'autolégitimationde la science économique par le biais de la physique.Laquestion de la croyance en la science
Damien Broussolle,Quelle légitimitépeut-on accorder à la loi de la demande ?
Michel Rosier,De l'auto-légitimationdes théories classiques. Max U versusAd hoc
Christophe Lavialle,Légitimitédu discours classique et légitimation de la Théorie Générale. L'épistémologiepragmatiste de Keynes
Bernard Maris,Légitimation,autolégitimation, discours expert et discours savant
Gilles Dostaler,Discours et stratégiesde persuasion chez Keynes
André Cartapanis, Michel Rainelli, De l'OMC au projet d'architecture financièreinternationale. L'emprise du politique et des règles dedroit dans les nouvelles régulations internationales
Corinne Gobin,Le discours programmatiquede l'Union européenne. D'une privatisation de l'économieà une privatisation du politique
Jean-Pierre Boissin, Jean-Claude Castagnos,Gilles Guieu,La légitimationscientifique. Données du problème et instrumentation
Philippe Jeannin,Légitimer larecherche française en sciences économiques

NOTES DE LECTURE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 
Bernard Maris,Présentation

Texte intégral
Légitimation est un terme qui renvoie au droitet à la politique. Légitimation vient de légitime :" Qui est fondé en droit, en équité,conforme au droit, et spécialement au droit naturel. Quiest justifié par la raison, le bon droit, le bon sens.Conforme à la justice, au droit naturel, à l’équité (Robert)

Qui fonde le droit ?La coutume et la loi. L’une et l’autre, au moins dansune démocratie, sont acceptées par la collectivité.Au-delà de la coutume et de la loi, la jurisprudence, lesconventions, les grands principes du droit renvoient aussi àun héritage collectif. Insistons sur le contenu collectifde la légitimation : " Qui t’a fait roi ? demande Audebert, comte de Périgord, à Hugues, porteurd’une cape et dit " Capet  ? Hugues a étéélu par ses pairs, les comtes : l’élection,moment collectif, est à l’origine d’une dynastie.Quand Louis XVI, après les autres capétiens, estproclamé roi de droit divin, les origines sont oubliées.Mais en même temps, c’est la lignée et la famillequi conforte par les liens du sang la légitimitéroyale. La famille est, elle aussi, une entité collective,même si elle n’a rien de démocratique.

En l’absencede démocratie, le fondement de la légitimitéest… l’oubli. Les usurpateurs n’ont qu’unallié : le temps. La tradition, le temps qui passeet l’oubli occultent l’origine. L’histoire montrequ’est en général légitime la factionqui réussit à prendre le pouvoir et se " légitimise avec le temps. Ainsi la légitimation politique impliquela question de l’origine, des procédures, du contenuet du fonctionnement du pouvoir.

Peut-on transposercette analyse à la question de la légitimation dudiscours économique ? Certainement. Mais l’analysesociologique des rapports de force dans la communauté deséconomistes n’est pas ici exclusive ni essentielle,contrairementà celle du contenu de l’économie. Le terme" discours économique  et non de " scienceéconomique  a été choisi pour élargirnotre réflexion aux utilisateurs du discours économiquesavants, experts, médias ou hommes politiques. La légitimationde la science ne posait pas d’autres problèmes queceux, immenses mais classiques, de l’épistémologie.La légitimation du discours ouvrait le champ de la réflexionà l’histoire complexe des rapports de la science économique,de la politique et de la communication, et c’est la pistequi a été privilégiée. L’origine,les procédures de production et de légitimationdes concepts, le contenu du discours étaient alors omniprésents.Le résultat de ce travail est un texte original mêlantrhétorique de l’économie, histoire des faits,des idées et épistémologie.

La légitimationdu discours économique commence dès la définitionde l’économie, rappelle Jérome Lallement ("L’économie et ses frontières ). Il s’agitde lui " réserver  un certain nombre de phénomènessociaux. Avant que le discours économique ne soit légitimécomme discours, la définition de l’économiea procédé à une première légitimationde son objet : la "richesse  pour Jean-BaptisteSay, les " comportements calculateurs  pour Robbins.Pour sortir de l’idéologie, l’économiea besoin de frontières. Mais ces frontières sontmouvantes : certains phénomènes sociaux deviennentou cessent de devenir des phénomènes économiques(l’esclavage, la drogue…). Au bout du compte, un choixsocial définit la frontière.

Or qui dit choixsocial dit histoire. Marion Fourcade-Gourinchas, dans un travailrétrospectif, s’interroge sur les conditions nationalesd’émergence du champ disciplinaire et professionnelde l’économie en Allemagne, aux États-Unis,en France et au Royaume-Uni à la fin du XIXe siècle.Cette période constitue un moment-clé dans la légitimationde cette nouvelle science dans ces différents pays. Lacréation de chaires universitaires, de revues et journauxspécialisés, d’associations professionnelles,de diplômes (le doctorat ou l’agrégation enFrance), définissent les frontières d’une discipline,le rôle et l’insertion sociale des économistes.

L’économieest-elle une discipline vraiment autonome ? En tout cas,depuis sa naissance ou presque, elle est portée par unprocessus d’autonomisation, ou d’autolégitimation,comme le dit Bernard Maurin. L’étude de ses relationspassionnelles avec la physique est particulièrement intéressante.L’obsession de la pureté, la valorisation des mathématiquestraduit plutôt un échec des économistes :l’économie néoclassique a cru accéderau statut de science en parodiant " la science qui a réussi ,la physique. Si l’économie n’est pas une sciencedure, elle laisse la porte ouverte à la dualitéd’explication : orthodoxes et hétérodoxesopposeront leur légitimité.

Quelle légitimité,dès lors, accorder à la loi de la demande ?La question est posée par Damien Broussolle. Il n’estpas vain de rappeler que l’un des ouvrages fondateurs del’économie moderne (Valeur et Capital, JohnHicks) repose principalement sur cette loi de la demande. Or forceest de reconnaître que cette loi nous laisse dans la plusgrande incertitude théorique lorsqu’on tient comptedes effets anormaux ou des réactions anormales de comportementdes agents. La testabilité et les études empiriquesne permettent pas d’avancer vers une véritable loiau sens empirique.

Ceci conduit às’interroger sur la manière dont l’analyse économiquecanonique représente le comportement des agents. Une théorieéconomique doit donner une représentation intentionnelledu comportement des agents. Sur cette base, on peut rejeter lesthéories hétérodoxes comme " ad hoc et n’accepter qu’une présentation en termes d’optimisation,c’est-à-dire, pour les consommateurs par exemple,de maximisation sous contrainte. Dans "Max U versus ad hoc ,Michel Rosier démontre facilement qu’il s’agitlà encore d’un processus d’autolégitimation.

S’il n’existepas d’économie pure ni de lois de comportement immanentes,l’économiste va rechercher sa légitimitéauprès du politique ou de l’opinion : c’estla thèse soutenue par Bernard Maris, qui voit dans l’impossibilitéde définir des protocoles expérimentaux, de distinguerle normatif du positif, une porte de sortie très commodepermettant de se confiner dans sa tour d’ivoire, coiffantselon les besoins la casquette de l’expert (tournévers la politique et l’opinion) ou du savant (tournévers lui-même et " vers la perversion de l’excessivemathématisation  (Malinvaud, 2001).

L’article deGilles Dostaler " Keynes et la parole : stratégiesde persuasion , nous rappelle que la rhétorique, ausens où l’entendait Aristote, peut faire légitimementpartie du discours scientifique dans la mesure où elleaide à emporter la conviction. Keynes n’en a jamaisdouté : ces talents oratoires et littérairesse combinaient à une " force de négociation impressionnante. Ce travail de déligitimation du discoursclassique par Keynes, et sa légitimation d’un discoursalternatif prend la forme d’une " thérapeutiquepragmatique  ajoute Christophe Lavialle dans " Légitimitédu discours classique et légitimation de la ThéorieGénérale.L’épistémologie pragmatistedeKeynes.

Quelles relationsavec le politique ? Est-il un lieu où le politiquesoit plus dilué que le commerce international ? Paradoxalement,le triomphe du marché suscite une nouvelle demande d’Étatafin qu’un cadre institutionnel établisse les règlesd’une compétition équitable, remarquent AndréCartapanis et Michel Rainelli. Dans ce cas, la légitimationdu marché serait l’institution. Or tout se passe commesi le fonctionnement du marché lui-même, au boutdu compte, donnait sa légitimité à l’institution…c’est la thèse de Corinne Gobin " Le discoursprogrammatique de l’union européenne : d’uneprivatisation de l’économie à une privatisationdu politique  à propos de l’institution européenne.

En dernier ressort,qui a le pouvoir de définir la légitimitédes économistes ? Qui trace concrètement lesfrontières ? La communauté des économistes.La question essentielle devient celle de la définitionpratique d’un discours scientifique d’économiste.Elle est posée par Jean-Pierre Boissin, Jean-Claude Castagnoset Gilles Guieu (" Modalités de légitimationd’une production scientifique ) et l’on comprendque l’absence d’ostracisme et d’arbitraire soitessentielle pour ces arbitres… Une manière commodeest de distinguer la communauté scientifique du corps socialet d’analyser respectivement une légitimation interneet externe. Qui jugera les juges ? Qui gardera les gardiens ?Philippe Jeannin réfléchit aussi à une "république idéale de la science  qui passepar la définition des supports de publications admis parla communauté des savants. Son propos est tout àfait noble et pratique, et il mérite de conclure les réflexionsde cette livraison de Sciences de la Société :comment renforcer la légitimité de la rechercheen science économique et celle de la recherche française ?Les fourches caudines de la publication s’imposent. La communautédes savants est alors invitée à définir démocratiquementla liste des supports.

Ainsi la démocratieprend le pas sur l’école, le groupe, la " secte comme on disait à propos des premiers économistes,les physiocrâtes…

 

Référencesbibliographiques

Bourdieu (P.), 2000,Les structures sociales de l’économie, Paris,Le Seuil.

Malinvaud (E.), 2001,"Recherche et enseignement supérieur : les défisde la discipline économique",  Revue Économique,vol. 52, n° 5 septembre 2001, p.1043-1053.

©Sciences de la Société n° 55 - février2002


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 
JérômeLallement,A la recherche des objets de l’économie

Résumé
La légitimation des discourséconomiques commence dès la définition del’économie. Cettedéfinition contribue àinstituer un domaine spécifique de phénomènesqui feront l’objet d’un savoir particulier : l’économiepolitique. Après une critique des définitions classiquesde l’économie, on montre que l’objet de l’économien’est pas naturel ou immédiatement donné, maisqu’il est, au contraire, construit artificiellement. La définitionde l’économie ne peut se faire qu’en traçantdes frontières historiquement mouvantes entre les phénomèneset les rapports sociaux qui seront considérés, àun moment donné, comme économiques et les autresphénomènes ou rapports sociaux.

Mots clés : économie politique, définition formelle,définition substantielle, rhétorique économique,Say.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 
Marion Fourcade-Gourinchas,Les économistes et leursdiscours. Traditions nationales et science universelle

Résumé
Cet article présente uneanalyse historique de la construction d’un champ légitimede connaissances en économie politique dans quatre pays(Allemagne, Grande Bretagne, France et États-Unis) àla fin du dix-neuvième siècle et au débutdu vingtième siècle. Pour chaque pays, il décritles différentes formes institutionnelles et intellectuellesde la production de connaissances économiques, et montreque ce qui passe pour de la connaissance économique –ce que le titre " économiste " signifie –recouvre des réalités nationales très variées.L’article développe l’argument suivant lequelces différences doivent être comprises en se référantaux institutions et à la culture politique de chacun despays.

Mots-clés : économie,science écono-mique, économie politique, culturepolitique, profession, comparaison.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 
Bernard Maurin, L’autolégitimationde la science économique par le biais de la physique. Laquestion de la croyance en la science

Résumé
Pour P. Mirowski, la scienceoccidentale s’est développée autour de troisconcepts-clés : lecorps, le mouvement et la valeur,qui entretiennent entre eux des liens métaphoriques nécessaires.Mais si ces concepts, d’un point de vue culturel, jouentun rôle symétrique pour la construction des théories,d’un point de vue scientifique, seule la physique méritevérita-blement le statut de science : l’économie(néoclassique) doit s’autolégitimer comme physi-quedu monde social. Pourquoi cette croyance en une théorie- la théorie néoclassique - aussi peu vraisemblable ?Pour en rendre compte, nous rapprochons la thèse de P. Mirowskide l’illusio de P. Bourdieu. La notion de paradigmede T. Kuhn présente des aspects communs avec celled’illusio, mais d’un point de vue méthodologique,le rapport au réel conduit à affirmer l’existenced’une différence de fond entre les sciences socialeset les sciences de la nature. Par ailleurs, cette autolégitimationcomme physique sociale ne permet-elle pas à l’économied’assumer un rôle " théologique  dansun monde laïcisé ?

Mots-clés : histoirede la pensée économique, rapports entre économieet physique, méthodologie, obstacle épistémologique,paradigme, illusio, prénotion.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 
Damien Broussolle,Quelle légitimité peut-on accorder à laloi de la demande ?

Résumé
L’article rappelle dans unpremier temps à quoi correspond la loi de la demande. C’estl’occasion de souligner l’indétermination àlaquelle elle aboutit. Dans un deuxième temps, il s’intéresseaux tentatives mises en œuvre pour surmonter cette incertitude,en rappelant leur caractère infructueux. Il examine ensuitela testabilité de la théorie de la loi de la demandeet les études empiriques qui s’y rapportent. La réflexionse poursuit par l’étude de plusieurs manuels afind’y repérer la manière dont la loi de la demandeest présentée, au regard desélémentsprécédemment rapportés.

Mots-clés : méthodologie,micro-économie, demande, travaux derecherche, manuels.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 
Michel Rosier, Del’auto-légitimation des théories classiques.Max U versus Ad hoc

Résumé
Les néoclassiques affirmentle principe qu’une théorie économique doitdonner une représentation intentionnelle du comportementdes agents. Sur cette base, ils prétendent pouvoir légitimerleurs propres théories, parce qu’elles respecteraientce principe, et condamner d’autres théories comme"ad hoc", parce qu’elles ne le respecteraient pas.Mais une analyse de l’activité cognitive d’unagent montre qu’une représentation entièrementintentionnelle de son comportement est logiquement impossible.Dès lors, les néoclassiques se trouvent face àun dilemme tragique : ou bien ils maintiennent et respectent leurprincipe, auquel cas ils ne peuvent pas élaborer de théories,ou bien ils rejètent leur principe, auquel cas rien nepermet plus de distinguer leurs théories.

Mots-clés : théoriesnéoclassiques, intentionnalité, activitécognitive.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 
Christophe Lavialle, Légitimitédu discours classique et légitimation de la Théorie Générale. L’épistémologiepragmatiste de Keynes

 

Résumé
La question des rapports entre laThéorie Générale de Maynard Keyneset la théorie classique à laquelle il entendaitl’opposer a fait, et continue de faire, l’objet de nombreuxdébats qui ont pour partie structuré l’histoirede la pensée macroéconomique. Dans cet article,nous voulons relever dans la démarche de Keynes pour positionnersa Théorie Générale par rapport àla théorie classique et pour croiser le fer avec cettedernière, la marque d’une conception originale descritères de légitimité d’un discourséconomique et de légitimation d’un discoursalternatif. En l’occurrence, cette conception nous paraîtpouvoir se reconstruire à partir de l’inspirationd’un certain pragmatisme philosophique, se rattachant àla fois à la philosophie des jeux de langage du "second  Wittgenstein et à la philosophie pragmatisteanglo-saxonne.

Mots-clés : Keynes,Théorie Générale, théorie classique,pragmatisme philosophique anglo-saxon, Wittgenstein

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 
Bernard Maris, Légitimation, autolégitimation, discoursexpert et discours savant

Résumé
Comme toute science, l’économies’autolégitime. Pour briser le cercle de l’autolégitimation,il faut revenir à l’origine de l’économiesavante, qui se développe à l’ombre du pouvoir,le-quel est confronté à l’opinion politique.Mais contrairement aux autres sciences, elle échappe àla contrainte des faits, étant incapable d’abandonnerle normatif, lequel renvoie encore à l’opinion politique.La confrontation de l’économie savante se fait avecl’opinion à travers le discours expert, sans que l’opinionsans puisse lui dénier une quelconque vérité.Ainsi la science économique, bien que soumise au pouvoir,peut demeurer indépendante non seulement de la réalitééconomique, mais de la réalité politique.

Mots-clés : pouvoir,opinion, normatif, expertise

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 
Gilles Dostaler, Discours et stratégies de persuasion chezKeynes

 

Résumé
John Maynard Keynes a élaboréune nouvelle analyse économique qui a servi à rationaliserles politiques interventionnistes associées à sonnom. Mais avant d’être un théoricien de l’économie,Keynes se définissait lui-même comme un " publiciste", soucieux de convaincre ses contemporains de l’urgentenécessité de procéder à des transformationsessentielles pour éviter l’écroulement de lacivilisation. Pour y arriver, il se sert avant tout du langageet use avec une grande habileté de tous les artifices dela rhétorique. Cetextemontrecomment Keynes est passémaître dans cet art. Nous y examinons successivement lamanière dont il se sert de la langue parlée et dela langue écrite, avant de montrer comment les formes delangage qu’il utilise sont étroitement liéesau contenu du message qu’il porte et à la vision dumonde qu’il partage avec ses amis du groupe de Bloomsbury.

Mots-clés : Keynes,discours, rhétorique, langage, persuasion, Bloomsbury.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 
André Cartapanis, Michel Rainelli,De l’OMC au projet d’architecturefinancière internationale. L’emprise du politiqueet des règles de droit dans les nouvelles régulationsinternationales

Résumé
Mises en œuvre par l’OMCconfrontée à des différends commerciaux ouprojetées par le FMI dans le cadre de la nouvelle architecturefinancière internationale, les régulations internationalesne peuvent pas avoir de légitimité économiquefondée sur les schémas théoriques néo-libérauxqui excluent les situations auxquelles elles doivent remédier.Cesrégulations internationales s’apparentent alorsà des compromis pragmatiques et discrétionnaires,et s’appuient nécessairement sur des règlesde droit, des codes de bonne pratique, et plus encore sur desarbitrages politiques.

Mots-clés : OMC,différends commerciaux, FMI, architecture financièreinternationale, néo-libéralisme.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 
Corinne Gobin, Le discours programmatique de l’Union européenne.D’une privatisation de l’économie à uneprivatisation du politique

Résumé
La mise en place du projet de "grand marché intérieur  par l’Europe dès1986 a abouti à une transformation profonde de l’imaginairepolitique qui se diffuse peu à peu dans chaque cadre national.En effet, la révolution conservatrice libérale n’affectepas que le champ éco-nomique : une analyse du vocabulairedes grands discours institutionnels de l’Union euro-péennemontre que l’enjeu est bien plus vaste et conduit au contrôlede tout rapport collectif (qu’il soit social, politique ouculturel) par les forces privées marchandes dominantes.L’idée même de démocratie est profondémentrevisitée et menacée.

Mots-clés : constructioneuropéenne, imaginaire politique, argumentation politiqueet économique, analyse de discours.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 
Jean-Pierre Boissin, Jean-Claude Castagnos,Gilles Guieu, La légitimationscientifique. Données du problème et instrumentation

Résumé
Le thème de la légitimitéet de la légitimation de l’activité scientifiquesoulève des difficultés aussi nombreuses que cellesayant trait à la structure juridique d’une société.Lapremière partie de l’article cerne les donnéesdu problème et propose un cadre d’analyse des aspectsà prendre en considération. La deuxième limitel’investigation aux démarches méthodologiquessur lesquelles la légitimation interne d’une disciplinepeut s’appuyer. Ledegré de sophistication des instrumentsd’analyse utilisés influence de façon décisivele diagnostic.

Mots-clés : légitimitéscientifique, légitimation scientifique, auteurs citant,auteurs cités, scientométrie.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 
Philippe Jeannin, Légitimer la recherche française ensciences économiques

Résumé
Etablir une évaluation quantitativede la recherche française en science économique,c’est légitimer celle-ci. Pour entreprendre cetteévaluation, et en se limitant à la recherche publiéedans des périodiques, il faut disposer d’une listede périodiques que la communauté des économistesestime scientifiques. Cette contribution propose une méthodeà suivre, déjà employée pour d’autresdisciplines.

Mots-clés : France,bibliométrie, économie, évaluation, légitimation,légitimité, recherche, revues, science économique,scientométrie