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SCIENCES DE LA SOCIÉTÉ
-
N° 69 - octobre 2006
Démocratie
participative en Europe
Dossier
coordonné par Stefan
BRATOSIN
avec la collaboration de Jean-Thiery
JULIA
Stefan BRATOSIN,
Démocratie participative
en Europe [texte intégral]
Jean-Léon BEAUVOIS, Quelques questions préalables
à la mise en route de programmes de démocratie participative
Maurice BLANC, Conflits et transactions sociales :
la démocratie participative n'est pas un long fleuve tranquille
Janie PELABAY,
Participer à la démocratie européenne :
cela s'apprend-il ? Soubassements, enjeux et limites de l'éducation
à la citoyenneté européenne
Laurence MONNOYER-SMITH, La pratique délibérative comme invention
du politique
Sandra BREUX,
Les dimensions territoriales
de la démocratie participative
François FORET,
Quelle communication
pour une Europe politique ? L'exemple du religieux
Muriel RAMBOUR,
Les angles morts de
la démocratie participative européenne. Le rôle
de la société civile dans la rédaction du
traité constitutionnel
Peter DAHLGREN, Tobias OLSSON, Internet et engagement politique :
les jeunes citoyens et la culture civique
Constantin SALAVASTRU,
Le langage de la démocratie locale
participative. Une approche du comportement verbal dans la relation
pouvoir-citoyens à Iasi (Roumanie)
ARGUMENTS
Eric GEORGE, De
la participation à la démocratie à l'heure
de la mondialisation
Nikos SMYRNAIOS, L'émergence
de la figure de l'internaute idéal : mutations de l'espace
public médiatique et usages de l'internet
NOTE DE RECHERCHE
Toni RAMONEDA,
Faire, être et dire l'Europe. Résultats
d'une analyse sur des discours européens
NOTES DE LECTURE
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Stefan BRATOSIN, Démocratie
participative en Europe
Texte
intégral
La démocratie participative jouit en ce début du
XXIe siècle d'un intérêt grandissant qui surprend
par la manière désinvolte dont il ignore aussi bien
les bornes politiques et les clivages sociaux que les discontinuités
de l'espace et les barrières culturelles. Un signe manifeste
de cet intérêt est l'importante activité éditoriale
développée actuellement sur le thème de la
démocratie participative. Il s'agit d'une littérature
à la fois diverse et inégale. Elle est diverse par
les points de vue développés, par l'ancrage disciplinaire,
par l'usage auquel les publications sont destinées, etc.
Ainsi, cette diversité se compose d'ouvrages, des chapitres
d'ouvrages, des articles ou des numéros thématiques
des revues restituant les résultats des recherches et des
études comme, par exemple, Gestion de proximité
et démocratie participative, une perspective comparative
(Bacque, Rey, Sintomer, dirs, 2005), Pour une démocratie
participative (Bevort, 2002), « Démocratie délibérative
et démocratie participative : une lecture critique »
(Blondiaux, 2004), « La proximité en politique :
usages, rhétoriques, pratiques » (Le Bart, Lefèvre,
Doidy, 2005), Citoyenneté et espace public. Habitants,
jeunes et citoyens dans une ville du Nord (Neveu, 2003), La démocratie
en débat. Les citoyens face à l'action publique
(Rui, 2004), etc., mais aussi d'ouvrages sur un registre moins
savant, mais dont la réflexion porte la marque d'une importante
pratique de la démocratie participative, comme, par exemple,
Démocratie participative : promesses et ambiguïtés
(Falise, 2004). À cette diversité s'ajoutent les
publications qui servent d'outils pour la pratique de la démocratie
participative ou qui font, tout simplement, le point sur les outils
de la démocratie participative : « Démocratie
participative locale : des outils de consultation non décisionnaires
» (Letanoux, 2003), Démocratie et management local
: premières rencontres internationales (Alain, Andrew,
Belley, 2004), Urbanisme-Aménagement : pratique de la concertation
(Pipard-Thavez, Maillard, 2003), etc. Dans cette diversité
s'inscrit également une autre catégorie de textes
: les descriptions d'expériences et d'initiatives à
différents niveaux en matière de démocratie
participative comme, par exemple, « Un exemple de démocratie
participative : la "conférence de citoyens" sur
les organismes génétiquement modifiés »
(Boy, Donnet, Roquelpo, 2000), 1er Forum de la démocratie
participative dans les territoires de Midi-Pyrénées
(CESR Midi-Pyrénées, 2004), Démocratie participative
« Construire Rhône-Alpes ensemble » (Conseil
régional Rhône-Alpes, 2005). Et pour avoir une image
encore plus large de la richesse et de la dynamique de cette diversité,
il faut considérer également la pléthorique
littérature non francophone sur la démocratie participative
et tout particulièrement les publications anglo-saxonnes.
Un autre signe de l'intérêt dont jouit la démocratie
participative actuellement est - tel que le montre le sommaire
même de ce numéro de la revue Sciences de la Société
- son approche pluridisciplinaire. La démocratie participative
est objet d'étude désormais aussi bien pour la science
politique (Foret, Rambour) que pour la sociologie (Blanc, Dahlgren,
Olsson), pour les sciences de l'information et de la communication
(George, Monnoyer-Smith, Smyrnaios) que pour la géographie
(Breux) pour la philosophie (Pélabay, Salavastru) que pour
la psychologie sociale (Beauvois), et pour la sémiotique
(Ramoneda).
Aussi, un signe fort de l'intérêt dont jouit la démocratie
participative actuellement est la multiplication des expériences
et la diversité des formes et des lieux qui les accueillent.
Mais, en même temps, cet intérêt actuel pour
la démocratie participative cache une difficulté
majeure quant au sens de ce syntagme. Plus exactement, les réponses
à la question « Qu'est-ce que la démocratie
participative ? » sont multiples et la plupart du temps
partielles. Elles révèlent plus d'une fois des divergences,
voire des oppositions majeures. Tout cela contribue à une
situation d'ensemble frappée sinon de confusion, au moins
d'ambiguïté sémantique, une situation d'ensemble
qui se décline souvent en situations particulières
où les interlocuteurs utilisent, certes, les mêmes
mots - démocratie participative -, mais en les entendant
différemment. La question théorique « Qu'est-ce
que la démocratie participative ? » devient, dès
lors, dans le contexte pratique du discours sur la démocratie
participative : « De quoi parle-t-on ? ».
Cette difficulté quant au sens de la démocratie
participative est inscrite originellement dans la discussion par
le caractère quasi pléonastique du syntagme. Pourquoi
faut-il qualifier une sorte de démocratie de « participative
», alors que le sens même de la démocratie
est fondamentalement redevable à la notion de participation
? Certes, les premiers éléments des réponses
ne se trouvent pas dans la méconnaissance de la signification
du vocable « démocratie », ni dans l'éventuelle
érosion sémantique du terme. Tous ceux qui parlent
de la démocratie participative connaissent, sans doute,
le sens originel du mot « démocratie ». Et,
peut-être, justement parce qu'ils connaissent ce sens qu'ils
confrontent à la réalité de leur vécu
sensible, ils trouvent le besoin de rappeler, de réitérer,
de marquer distinctement le caractère participatif de la
démocratie.
Ensuite, cette difficulté de sens tient sans doute au «
succès » de la notion de « démocratie
participative », alors que son émergence est relativement
récente. Le terme de « démocratie participative
» apparaît dans les années soixante. Il est
utilisé pour la première fois par Arnold Kaufman,
un des principaux penseurs se trouvant à l'origine de la
New Left américaine, dans un article, devenu désormais
célèbre, sur « la nature humaine et la démocratie
participative ». Il affirme dans ce texte que la démocratie
participative peut avoir beaucoup de conséquences salutaires.
Mais, pour lui, ce qui justifie la démocratie participative
n'est pas sa capacité de protéger ou de stabiliser
une communauté, mais sa contribution au développement
du potentiel humain de pensée, de sentiment et d'action
(Kaufman, 1960). Dans les années soixante-dix cette rhétorique
a été reprise par des théoriciens comme Carole
Pateman (1970), Dennis Thomson (1970), C. B. MacPherson (1973)
ou, dans les année quatre-vingts, par Benjamin Barber (1984)
dont le discours sur les vertus éducatives de la participation
est devenu depuis la référence théorique
originelle de la démocratie participative. Dans l'optique
de ces théoriciens, la participation politique est un moyen
permettant la transformation des individus par l'éducation
à la démocratie, l'objectif de la démocratie
participative étant de former des meilleurs citoyens.
Cette optique marque le développement ultérieur
du concept, mais ce n'est pas pour autant que le sens de la démocratie
participative se laisse saisir plus facilement. Ainsi, si Barber
voit la démocratie participative comme une « démocratie
forte » où « le conflit est résolu en
l'absence de toute rationalité extrinsèque, grâce
à une auto-législation continue » (Barber,
1984, 152), d'autres seront amenés « à reconnaître
l'existence, à côté de la démocratie
directe et de la démocratie représentative, d'une
troisième voie, la démocratie participative, distincte
du compromis bâtard que constitue entre les deux formes
classiques, la démocratie semi-directe » (Rivero,
1986, 18). Les tentatives actuelles de conceptualisation de la
démocratie participative ne lèvent pas la difficulté
à distinguer clairement son sens. Ni contraire à
la démocratie représentative, ni semblable à
la démocratie directe, la démocratie participative
postulerait la confiance dans les compétences du citoyen,
ce qui ne veut pas dire non plus qu'elle puisse être assimilée
à la démocratie de proximité (Bevort, 2002).
D'où une véritable impasse conceptuelle où
« nul ne sait véritablement ce que recouvre la notion
de démocratie participative » (Blondiaux, 2004, 9).
La difficulté théorique de saisir le sens de la
démocratie participative n'est pourtant pas un argument
pour ne pas questionner la démocratie participative en
Europe. Au contraire. La problématique de la définition
du concept de démocratie participative non seulement ne
met pas en cause la réalité de la démocratie
participative, mais elle incite à interroger cette réalité,
surtout dans un espace complexe comme celui de l'Europe où
les logiques et les contradictions en rapport avec la démocratie
participative sont des enjeux qui se révèlent aujourd'hui
plus que jamais comme des lieux symboliques. Le fonctionnement
sociopolitique et administratif de l'Europe doit porter de plus
en plus sur les signes de la démocratie participative.
Les processus d'élargissement de l'Europe et d'intégration
européenne doivent être l'occasion de développer
la démocratie participative dans les pays qui ont adhéré
récemment ou qui sont en instance d'adhésion à
l'Union européenne. La promotion des valeurs européennes
dans le monde doit également inscrire à son ordre
du jour la démocratie participative. Tout cela pour dire
aussi que la démocratie participative en Europe est faite
d'enjeux, mais en même temps d'expériences, dont
la compréhension ne va pas de soi. Les questions de la
démocratie participative en Europe sont des questions qui
s'inscrivent dans un contexte complexe, à la fois politique,
juridique, social, administratif, économique, culturel,
etc. Des questions qui suscitent des réponses à
partir de multiples domaines disciplinaires, sur de nombreux terrains,
avec différentes approches méthodologiques et traitées
par des chercheurs venant d'horizons géographiques divers.
Ce numéro de Sciences de la Société se fait
l'écho de la complexité inhérente à
la démocratie participative en Europe. Il s'ouvre avec
la contribution de Jean-Léon Beauvois (France) qui dresse
sous l'angle de la psychologie sociale une liste de questions
définitionnelles, conflictuelles ou simplement problématiques
qu'il est préférable de se poser avant toute opération
destinée à promouvoir la démocratie locale
participative. Les réponses qu'on leur apporte peuvent
modifier les vertus et l'efficacité politique de cette
opération. Mais aux yeux de l'auteur, les deux dilemmes
essentiels opposent d'une part une vue consumériste (valeur
de satisfaction des participants) à une vue citoyenne (valeur
de prise de pouvoir des participants) et, d'autre part, une approche
libertaire (processus ascendant) à une approche jacobine
(processus descendant).
Dans une perspective théorique, Maurice Blanc (France)
propose ensuite une approche sociologique inédite de la
démocratie participative à partir de la théorie
de la transaction sociale. Ainsi, en considérant les oppositions
et les tensions constitutives de la démocratie participative,
il montre comment, grâce à sa valeur heuristique,
cette théorie permet une lecture pertinente et enrichissante
des conflits qui surgissent dans la participation démocratique
de citoyens aspirant à leur émancipation. Le regard
philosophique de Janie Pélabay (Royaume-Uni) analyse les
programmes d'éducation à la citoyenneté européenne
et déploie une réflexion critique à propos
de la version « perfectionniste » de cette éducation
à la citoyenneté, marquée par les limites
normatives d'une « pédagogie européenne »
qui ne satisfait pas à la configuration fondamentalement
pluraliste, voire « post-unanimiste », de l'Union
européenne. Dans le champ des sciences de l'information
et de la communication, Laurence Monnoyer-Smith (France) observe
la discontinuité entre la conception « idéale
» des théories de la participation et la réalité
européenne des expériences en matière de
pratiques participatives. Ainsi, elle va montrer que le déploiement
de l'« agir communicationnel » s'inscrit en réalité
dans un contexte matériel et culturel restreint qui ne
rend pas compte de la dimension co-évolutive des supports
matériels et de la culture politique, alors que les citoyens
inventent continuellement de nouvelles pratiques politiques et
participent à l'émergence de nouvelles symboliques
et de nouvelles conceptions du politique. Dans une autre optique
- géographique et politique -, Sandra Breux (Canada) interroge
les rapports entre la démocratie participative et le territoire,
et montre comment les dimensions territoriales de la démocratie
participative appellent une redéfinition des notions de
citoyenneté et de communauté, notamment dans un
contexte européen où s'entrecroisent différentes
échelles politiques. L'approche politique de la démocratie
participative proposée par François Foret (Belgique)
met à l'épreuve l'hypothèse que la démocratie
participative européenne postule des communications sociales
neutres, rationnelles et égalitaires. Plus exactement,
en considérant la dimension religieuse, l'auteur questionne
la normativité de ces trois paramètres afin de mettre
en évidence la place de la religion comme indice des dynamiques
à l'uvre dans les dispositifs délibératifs
de l'Union européenne, dans les formes d'engagement politique
et dans les médias. Dans le même registre - politique
-, l'interrogation de Muriel Rambour (France) sur le rôle
de la société civile dans la rédaction du
Traité constitutionnel vise à mettre en exergue
les angles morts de la démocratie participative européenne.
Ainsi, il est montré que l'idée d'une démocratie
participative qui s'exercerait à l'échelle de l'Union
européenne et qui garantirait une forme d'interaction entre
les populations et les autres acteurs du jeu européen,
telle qu'elle est mise en uvre par les institutions communautaires,
pose le problème fondamental de sélection d'une
part, en ce qui concerne la représentativité des
protagonistes retenus, et, d'autre part, de la place laissée
à tous ceux qui ne s'inscrivent pas dans les réseaux
associatifs.
Dans la continuité de ces textes théoriques, ce
numéro rassemble également quelques études
de cas permettant d'enrichir la réflexion sur la démocratie
participative en Europe. Ainsi, l'étude de Peter Dahlgren
et Tobias Olsson (Suède) révèle, à
partir d'une approche socio-ethnographique, la manière
complexe selon laquelle s'opère l'engagement politique
à travers l'Internet. Par opposition à certaines
théories qui présentent cette technologie comme
une force favorisant « naturellement » la participation
des citoyens, les auteurs développent la thèse que
les cadres culturels, et notamment l'identité civique,
agissent comme des prismes requalifiants ayant un rôle déterminant
dans la restructuration de l'engagement politique via l'Internet.
Portant à la fois la marque de la philosophie et des sciences
de l'information et de la communication, l'étude de Constantin
Salavastru (Roumanie) met en évidence les outils rhétoriques
avec lesquels se construisent et s'éteignent les conflits
d'opinions entre les autorités locales et les citoyens,
et forme l'hypothèse d'une pratique discursive de la démocratie
participative en rapport direct avec la connaissance des vertus
et des limites du langage.
Les arguments apportés par Éric George (Canada)
en faveur de la « démocratie continue » enrichissent
les réflexions précédentes avec une nouvelle
série de questions, notamment sur la participation à
la démocratie à l'heure de la mondialisation, pour
aboutir à la proposition d'une « démocratie
continue » qui viserait à instaurer une nouvelle
forme de relation entre représentants et représentés,
et qui serait caractérisée par un contrôle
permanent des seconds sur les premiers. Enfin, inscrite dans le
domaine des sciences de l'information et de la communication,
l'analyse de Nikos Smyrnaios (France/ Grèce) est centrée
sur la question du rôle et de la place d'un dispositif technique
complexe tel que l'Internet dans les mutations - en termes d'élargissement,
de fragmentation, de montée en puissance de la composante
sociétale - dont les tensions modèlent actuellement
la composante médiatique de l'espace public.
La note de recherche de Toni Ramoneda (France/ Espagne), qui clôt
ce numéro, présente les résultats d'un travail
portant sur une analyse sémio-discursive d'un corpus d'articles
de presse et d'affiches politiques, en France et en Espagne. À
partir de l'hypothèse que l'espace devient politique dans
la mesure où l'action publique possède un sens,
l'auteur tâche de saisir les contours d'un espace public
européen dont les formes et les représentations
qu'il contient sont autant d'éléments qui remplissent
de sens l'action publique.
En somme, ce numéro de la revue Sciences de la Société
se fait l'écho de la complexité inhérente
à la démocratie participative en Europe.
©
Sciences de la Société n° 69 - octobre 2006
Références bibliographiques
1er Forum de la démocratie
participative dans les territoires de Midi-Pyrénées, 2004, Conseil économique et social
régional de Midi-Pyrénées.
Alain (M.), Andrew (C.), Belley (S.), 2004, Démocratie
et management local : premières rencontres internationales,
Paris, Dalloz.
Bacque (M.-H.), Rey (H.), Sintomer (Y.) dir., 2005, Gestion
de proximité et démocratie participative, une perspective
comparative, Paris, La Découverte.
Barber (B.), 1984, Strong Democracy, Participatory Politics
for a New Age, Berkeley, University of California Press.
Beauvois (J.-L.), 2005, Illusions libérales. Individualisme
et pouvoir social, Grenoble, PUG.
Bevort (A.), 2002, Pour une démocratie participative,
Paris, Presses de sciences po.
Blondiaux (L.), 2004, « Démocratie délibérative
et démocratie participative : une lecture critique »,
Conférences de la Chaire MCD, <http://www.chaire-cd.ca>
(au 15 septembre 2006).
Boy (D.), Donnet, (K. D.), Roqueplo, (P.), 2000, « Un exemple
de démocratie participative : la "conférence
de citoyens" sur les organismes génétiquement
modifiés », Revue Française de Science
Politique, vol. 50, n° 4-5, août-octobre, 779-809.
Démocratie participative « Construire Rhône-Alpes
ensemble », 2005, Conseil régional Rhône-Alpes.
Falise (M.), 2004, Démocratie participative : promesses
et ambiguïtés, éditions de l'Aube.
Kaufman (A. S.), 1960, « Human Nature and Participatory
Democracy », in Nomos III: Responsibility, New York,
Liberal Arts Press.
Letanaux (M.) 2003, « Démocratie participative locale
: des outils de consultation non décisionnaires »,
Gazette des Communes, des Départements, des Régions,
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MacPherson (C. B.), 1973, Democratic Theory, Oxford, Clarendon
Press.
MacPherson (C. B.), 1977, The Life and Time of Liberal Democracy,
Oxford, Oxford University Press.
Manin (B.), 2002, « L'idée de démocratie délibérative
par la science politique contemporaine », Politix,
vol. 15, n° 57.
Neveu (C.), 2003, Citoyenneté et espace public. Habitants,
jeunes et citoyens dans une ville du Nord, Lille, Septentrion,
2003.
Pateman (C.), 1970, Participation and Democratic Theory,
Cambridge, Cambridge University Press.
Pipard-Thavez (D.), Maillard (A.), 2003, Urbanisme-Aménagement
: pratique de la concertation, Paris, Moniteur.
Rivero (J.), 1986, « Introduction », in La participation
directe du citoyen à la vie politique et administrative,
Bruxelles, Bruylant, 7-19.
Rui (S.), 2004, La démocratie en débat. Les citoyens
face à l'action publique, Paris, Armand Colin.
Thomson (D.), 1970, The Democratic Citizen, Cambridge,
Cambridge University Press.
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Jean-Léon
BEAUVOIS,
Quelques questions préalables à la mise en
route de programmes de démocratie participative
Résumé
Dans
le contexte d'une montée en puissance des villes et des
régions européennes, se déploient de nombreux
projets de démocratie participative. De nombreuses associations
et de nombreux réseaux, plus ou moins ad hoc, ont aujourd'hui
pour objectif militant d'aider et de former les populations pour
leur insertion dans la gestion politique locale. Amener les Européens
à « participer » à la définition
et à la mise en uvre de nouvelles politiques les concernant
directement, l'idée ne peut que susciter l'enthousiasme
des démocrates. Pourtant, comme toutes les idées
généreuses et consensuelles, l'idée de démocratie
participative peut contenir des virtualités de désillusion,
à moins que ce ne soit quelques possibilités de
pièges, de manipulation. Il semble alors important de traiter
quelques questions susceptibles d'orienter le sens de l'action,
les modalités et les objectifs de cette action.
Mots
clés : démocratie,
Europe, action, désillusion.
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Maurice BLANC, Conflits et transactions
sociales : la démocratie participative n'est pas un long
fleuve tranquille
Résumé
L'article
se fonde sur des résultats de recherches menées
sur la participation des habitants dans « la vieille Europe
» (principalement, France, Grande-Bretagne et Allemagne).
Il esquisse comment les citoyens qui se mobilisent localement
peuvent influer collectivement sur les instances locales et/ ou
européennes. Il propose une conceptualisation de la participation
qui en fait le produit transactionnel d'un conflit permanent entre
trois légitimités : le suffrage universel,
l'expertise et la mobilisation des habitants concernés.
Ce processus passe par des compromis pratiques, toujours instables
et provisoires. Cette conceptualisation de la participation relève
d'une sociologie de la transaction sociale qui s'inspire de la
théorie du conflit de Simmel.
Mots
clés : démocratie,
conflit, transaction, participation, représentation.
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Janie
PELABAY,
Participer à la démocratie européenne :
cela s'apprend-il ? Soubassements, enjeux et limites de l'éducation
à la citoyenneté européenne
Résumé
Afin
de développer la dimension participative de la démocratie
européenne, l'Union européenne (ue) a décidé
l'établissement de programmes d'éducation à
la citoyenneté européenne. L'analyse de leurs soubassements
théoriques montre qu'ils coïncident avec une inflexion
(néo)républicaine de la citoyenneté démocratique,
mettant l'accent sur l'unité et la stabilité de
la communauté politique. Cherchant à renforcer l'allégeance
des citoyens aux institutions européennes, ces programmes
misent sur une pédagogie participative axée autour
de la promotion de « bonnes pratiques »
soutenant les « valeurs communes » de l'ue.
Or, la volonté d'« européaniser » les
citoyens par l'éducation peut laisser place à la
tentation plus forte d'inculquer une vision publique de la « bonne
vie européenne » ou du « bon citoyen
européen ». Cette version « perfectionniste »
de l'éducation à la citoyenneté signifie
les limites normatives d'une « pédagogie européenne »
dans la mesure où elle ne satisfait pas à la configuration
fondamentalement pluraliste, voire « post-unanimiste »
de l'ue.
Mots
clés : éducation
civique, identité européenne, unité, diversité,
perfectionnisme.
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Laurence MONNOYER-SMITH, La pratique délibérative
comme invention du politique
Résumé
La multiplication des expériences de pratiques participatives
et délibératives, notamment en Europe, est révélatrice
de l'émergence d'un nouveau type de rapport politique entre
le citoyen, les décideurs politiques et l'administration
publique. La philosophie et la science politique participent,
depuis les travaux de J. Rawls, J. Cohen et de J. Habermas à
l'élaboration d'une théorie politique de la délibération
qui pense les rapports de légitimité entre citoyens
et politique sous l'angle procédural et discursif. Ces
approches théoriques buttent toutefois sur une conception
« idéale » de la délibération,
inexistante en pratique, qui incite le chercheur à ne pas
reconnaître comme créatrices de structures normatives
d'authentiques pratiques participatives d'où émergent
une reconfiguration des échelles de valeur et de nouvelles
approches conceptuelles de la citoyenneté et de la représentation.
L'article veut montrer que le déploiement de l'agir communicationnel
s'inscrit en réalité dans un contexte matériel
et culturel restreint qui ne rend pas compte de la dimension co-évolutive
des supports matériels et de la culture politique. Ainsi,
en s'appropriant les TIC, les citoyens inventent de nouvelles
pratiques politiques et participent à l'émergence
de nouvelles symboliques et de nouvelles conception du politique.
Mots
clés : contrainte,
procédure, citoyenneté, représentation, pratiques.
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Sandra BREUX,
Les dimensions territoriales de la démocratie participative
Résumé
L'objectif
de cette réflexion est de mettre en évidence les
dimensions territoriales de la démocratie participative.
Si le concept de démocratie participative est complémentaire
à celui de démocratie représentative, son
principe repose sur des bases territoriales sensiblement différentes.
Le principe de démocratie représentative interpelle
un rapport descendant au territoire tandis que le principe de
démocratie participative est fondé sur un rapport
ascendant au territoire. La prise en compte de ces distinctions
est fondamentale dans la réalisation de ces deux formes
de démocratie afin que l'institutionnalisation de la démocratie
participative n'ait pas pour effet de territorialiser et d'instrumentaliser
un principe aujourd'hui essentiel au bon fonctionnement du « vivre
ensemble ». Plus largement les dimensions territoriales
de la démocratie participative appellent une redéfinition
des notions de citoyenneté et de communauté, notamment
dans un contexte européen où s'entrecroisent différentes
échelles politiques.
Mots
clés : territorialité,
institutionnalisation, territorialisation.
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François FORET, Quelle
communication pour une Europe politique ? L'exemple du religieux
Résumé
La démocratie participative
européenne postule des communications sociales neutres,
rationnelles et égalitaires. La dimension religieuse questionne
chacun de ces paramètres par sa normativité. La
place de la religion dans les dispositifs délibératifs
de l'ue, dans les formes d'engagement politique et dans les médias
éclaire les dynamiques à l'uvre.
Mots clés :
espace public, Union européenne,
religion, identité, légitimation.
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Muriel
RAMBOUR,
Les angles morts de la démocratie participative européenne.
Le rôle de la société civile dans la rédaction
du traité constitutionnel
Résumé
Les institutions
communautaires placent aujourd'hui au centre de leurs réflexions
l'idée d'une démocratie participative qui s'exercerait
à l'échelle de l'ue et garantirait une forme d'interaction
entre les populations et les autres acteurs du jeu européen.
Le débat public sur l'avenir de l'Europe lancé en
2000 a ainsi pris diverses formes (colloques, forums régionaux
et sur Internet) pour intéresser les citoyens et donner
simultanément davantage de légitimité au
processus d'intégration. La Convention chargée de
rédiger le traité constitutionnel européen
promettait également de prendre en compte les attentes
de la société civile. La procédure suivie
par cette assemblée est-elle finalement l'illustration
d'un réel processus participatif ? Le profil des intervenants
engagés dans le débat ne montre-t-il pas que les
consultations ont surtout concerné la société
civile organisée plutôt que les citoyens ordinaires ?
Une telle sélection pose la double question de la représentativité
des protagonistes retenus et de la place laissée à
tous ceux qui ne s'inscrivent pas dans les réseaux associatifs.
Les travaux de la Convention sur l'avenir de l'Europe représentent
donc un terrain d'enquête approprié pour évaluer
la validité du principe participatif et comprendre les
raisons de la difficile appropriation du projet constitutionnel
européen par les citoyens.
Mots
clés : Constitution
européenne, société civile, Convention sur
l'avenir de l'Europe, démocratie participative, légitimité
de la construction européenne.
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Peter
DAHLGREN, Tobias OLSSON,
Internet et engagement politique : les jeunes citoyens et la
culture civique
[Titre
original : « Using the Internet for Political Participation:
Young Citizens and Civic Culture » (à paraître)
; trad. Philippe Boucry et Laurence Monnoyer-Smith]
Résumé
Parmi
les épreuves que traversent actuellement les démocraties
libérales occidentales, celle du désengagement politique
des jeunes est fréquemment évoquée. De même
qu'a été abordé le rôle que joue Internet
ou les formes les plus récentes de technologie de communication
interactive dans le jeu de la démocratie. Nous suggérons
dans cet article qu'Internet peut permettre l'engagement politique
et que les cadres culturels, l'identité civique, agissant
comme des prismes requalifiants, interviennent dans la restructuration
de l'engagement politique via l'Internet : le concept de
culture civique est alors central pour une théorie de l'utilisation
politique d'Internet. Plus fondamentalement, nous suggérons
qu'en développant l'usage d'Internet comme outil d'activisme
politique, ces jeunes citoyens participent à l'évolution
des cultures civiques.
Mots
clés : jeunes,
engagement politique, internet, culture civique.
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Constantin
SALAVASTRU,
Le langage de la démocratie locale participative. Une
approche du comportement verbal dans la relation pouvoir-citoyens
à Iasi (Roumanie)
Résumé
Cet article
essaie de mettre en évidence les outils rhétoriques
avec lesquels se construisent et s'éteignent les conflits
d'opinions entre les autorités locales et les citoyens.
Ainsi, en interrogeant la pratique de la démocratie participative
à Iasi (Roumanie), on montre comment et dans quelle mesure
il est possible de bénéficier de la force des arguments,
de l'opportunité des techniques d'argumentation, de la
capacité de persuasion d'un thème bien choisi, du
pouvoir de séduction d'un langage expressif, mais aussi
comment les différents acteurs peuvent être surpris
et tomber dans le piège des sophismes. D'où l'hypothèse
conclusive d'une pratique discursive de la démocratie participative
en rapport direct avec la connaissance des vertus et des limites
du langage.
Mots
clés : démocratie
participative, conflit d'opinions, techniques d'argumentation,
persuasion, conviction, pouvoir local.
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Eric
GEORGE,
De la participation à la démocratie à
l'heure de la mondialisation
Résumé
Le XXe
siècle aura notamment vu la remise en cause de l'État
providentialiste et l'effondrement des économies centralement
planifiées, alors que ce denier avait été
le principal instrument de régulation pacifique des rapports
entre groupes sociaux. Une critique de cet État a largement
eu pour but de remettre en question la répartition des
profits entre capital et travail. Cette nouvelle période
qui a commencé au début des années soixante-dix
a été notamment caractérisée par le
développement des entreprises multinationales puis transnationales.
Espace politique et espace économique dès lors pouvaient
ne plus coïncider...
Mots
clés : société
civile mondiale, démocratie, État, pouvoir, gouvernance
mondiale.
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Nikos
SMYRNAIOS,
L'émergence de la figure de l'internaute idéal
: mutations de l'espace public médiatique et usages de
l'internet
Résumé
L'objet
de cet article est d'analyser comment un dispositif technique
complexe tel que l'internet s'insère dans les mutations
de la composante médiatique de l'espace public qui s'amorcent
par ailleurs. Les discours utopiques qui ont accompagné
l'émergence du réseau ont mis en avant une conception
idéalisée de l'usager-citoyen. De cette façon,
les usages potentiels se confondent avec les usages effectifs.
Or si les potentialités contradictoires de l'internet sont
tributaires de ses caractéristiques techniques, il n'en
demeure pas moins qu'elles sont sujettes à un processus
de formation et de stabilisation des usages. Ce processus est
socialement déterminé et s'inscrit dans un faisceau
de mutations de la sphère publique observées par
ailleurs, telles son élargissement, sa fragmentation, ainsi
que la montée en puissance de sa composante sociétale
et de l'intermédiation technique.
Mots
clés : espace
public, internet, usages.
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Toni
RAMONEDA,
Faire, être et dire l'Europe. Résultats d'une
analyse sur des discours européens
Résumé
Cet article
présente les résultats d'un travail de thèse
portant sur une analyse sémiodiscursive d'un corpus d'articles
de presse et d'affiches politiques, en France et en Espagne, visant
à élaborer les contours d'un espace public européen.
Les formes et les représentations contenues dans ces discours
sont abordées comme étant les éléments
qui remplissent de sens l'action publique. C'est lorsque l'action
publique possède un sens, qu'un espace devient politique.
Mots
clés : espace
public, communication, discours.
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